Ataxie Cérébelleuse du Staffordshire
terrier américain :
trouver un test de dépistage pour préserver la race
Devant le nombre croissant de Staffordshire terriers
américains frappés d’ataxie cérébelleuse,
il importe de mettre au point un test de dépistage précoce.
L’unité médico-chirurgicale de neurologie de l’école
vétérinaire d’Alfort y travaille. Elle demande aux
propriétaires de chiens de cette race, malades ou non, de participer
à l’étude.
Depuis plus d’un an, la consultation de neurologie de l’école
vétérinaire d’Alfort (ENVA) recense un nombre croissant
de cas d’ataxie cérébelleuse chez le Staffordshire
terrier américain. Un rapport de l’unité médico-chirurgicale
de neurologie du département d’élevage et de pathologie
des carnivores domestiques et des équidés de l’ENVA*
explique que «cette recrudescence reflète une dissémination
importante de la maladie au sein de l’élevage français»
et nécessite la mise au point d’un diagnostic précoce.
Des études ont permis de définir le cadre nosologique de
cette infection. L’unité médico-chirurgicale de neurologie
de l’ENVA demande la participation des éleveurs et des propriétaires
de Staffordshire terrier américains pour prévenir la dissémination
de cette nouvelle entité pathologique dans l’élevage
français.
Nos confrères Stéphane Blot et Jean-Laurent Thibaud, de
cette unité, précisent que la maladie touche à égalité
mâles et femelles. Elle se rencontre chez des chiens dans toute
la France et aussi chez des sujets provenant des États-unis et
d’autres pays d’Europe.
L’ataxie survient chez des chiens adultes âgés de 2,5
à 6 ans et s’aggrave lentement. Elle provoque une invalidité
très importante après plusieurs années.

L’ataxie survient chez des chiens âgés de 2,5 à
6 ans et s’aggrave lentement.
Elle provoque une invalidité importante après plusieurs
années.
Au début, le chien présente une ataxie
discrète se manifestant surtout dans des situations difficiles
: mouvements brusques, virages, montées et descentes d’escaliers…Les
symptômes deviennent ensuite constants et une hypermétrie
apparaît, de plus en plus prononcée.
NYSTAGMUS VERTICAL ET TREMBLEMENTS
Dans les situations difficiles, l’ataxie s’aggrave de façon
aiguë et transitoire : le chien s’aplatit sur le sol, sa tête
est plus ou moins rejetée en arrière et il a le regard «dans
le vide». On observe un nystagmus vertical lors des crises, qui
peut être mis en évidence précocement dans l’évolution
de l’affection en plaçant la tête du chien en hyperextension
pendant quelques secondes : cette position aggrave les symptômes
nerveux de façon transitoire. On ne note pas de déficit
de la proprioception consciente. En revanche, l’affection provoque
des tremblements –en particulier de la tête, au repos comme
en action-, une tête penchée et une augmentation du polygone
de sustentation. En fin d'évolution, une diminution du clignement
à la menace peut être observée. Le comportement n’est
jamais modifié.
«L’ensemble de ces signes cliniques évoque une lésion
cérébelleuse», estimé l’unité
médico-chirurgicale de l’ENVA.
Ceci est confirmé par l’IRM et l’analyse histologique.
L’IRM révèle en effet une diminution de la taille
du cervelet qui s’accompagne d’une augmentation de la taille
des sillons cérébelleux et d’une accumulation de liquide
cérébrospinal autour du cervelet. L’unité médico-chirurgicale
de l’ENVA précise que ces signes se majorent avec l’évolution
de la maladie. L’analyse de la ponction du liquide cérébrospinal
montre une protéinorrachie non spécifique discrètement
augmentée. «Le scanner ne permet pas de visualiser correctement
le cervelet», précise l’unité médico-chirurgicale
de l’ENVA. «Les signes cliniques et les résultats des
examens complémentaires permettent de conclure à une atrophie
cérébelleuse».
TRANSMISSION HÉRÉDITAIRE
L’examen histologique montre une lésion uniquement localisée
au cervelet, caractérisée essentiellement par une dépopulation
des cellules de Purkinje.
L’étude du pedigree des chiens atteints par cette affection
suggère une transmission héréditaire sur un mode
autosomique récessif.
L’unité médico-chirugicale de l’ENVA précise
que l’ataxie cérébelleuse du Staffordshire terrier
américain menace la race pour deux raisons :
- son caractère tardif d’apparition fait que le diagnostic
survient souvent après plusieurs portées : la maladie se
dissémine donc,
- le mode de transmission autosomique récessif sous-entend l’existence
de nombreux individus sains mais conducteurs (les chiens hétérozygotes),
qui participent à la dissémination de l’affection.
Il est donc urgent de trouver un moyen de diagnostic et de dépistage
précoce et peu coûteux (un test génétique par
exemple) pour permettre à la fois d’établir un diagnostic
de certitude sur les chiens malades et surtout, de dépister les
chiens hétérozygotes et homozygotes récessifs –futurs
malades- dès la naissance.
L’unité médico-chirurgicale de neurologie de l’ENVA
explique que la mise au point d’un test nécessite l’analyse
préalable de trente à cinquante échantillons de sang
de chiens apparentés malades ou non malades (conducteurs ou génétiquement
sains). Elle sollicite donc la coopération des propriétaires
pour obtenir des échantillons de sang de Staffordshire terriers
américains atteints d’ataxie cérébelleuse ou
indemnes âgés de plus de 7 ans, avec pedigree.

Il est urgent de trouver un moyen de diagnostic et de dépistage
précoce et peu coûteux de l’ataxie cérébelleuse
du Staffordshire terrier américain, pour permettre d’établir
un diagnostic de certitude sur les chiens malades et dépister les
chiens hétérozygotes et homozygotes récessifs dès
la naissance.
TABLEAU DES FORMES CLINIQUES ET LEURS CORRESPONDANCES
GÉNÉTIQUES
TYPE D'ANIMAL |
STATUT CLINIQUE (=phénotype) |
STATUT GENETIQUE (=genotype) |
Sain génétiquement
|
Sain toute sa vie
|
Indemne, non conducteur, homozygote sauvage,
ne transmet pas la maladie à sa descendance sauf s’il
est croisé avec un malade ou un hétérozygote |
Conducteur
|
Sain toute sa vie
|
Hétérozygote, transmet l’anomalie
génétiquement à sa descendance même s’il
est croisé avec un individu génétiquement sain.
|
Chien jeune (< 2 ans) qui va devenir malade
|
Sain jusqu’à l’apparition des symptômes
|
Homozygote muté, les 2 formes du même
caractère sont anormales, quelque soit le chien avec lequel
il est croisé (même avant l’apparition des signes
cliniques), il transmet à sa descendance l’anomalie
génétique. |
Chien malade (animal > 2 ans)
|
Malade, signes s’aggravant progressivement
|
Homozygote muté, les 2 formes du même
caractère sont anormales, quelque soit le chien avec lequel
il est croisé (même avant l’apparition des signes
cliniques), il transmet à sa descendance l’anomalie
génétique. |
4 situations cliniques
|
2 phénotypes |
3 génotypes |
Valérie DUPHOT
Renseignements :
Stéphane Blot et Jean-Laurent Thibaud
Unité médico-chirurgicale de neurologie
Département des carnivores domestiques et des équidés
ENVA
Téléphone : 01.43.96.71.71
Fax : 01.43.96.70.89
Secrétariat du service : 01.43.96.71.66
Email du Docteur Blot : sblot@vet-alfort.fr
* Consulter l’article parut dans le bulletin numéro 4 du
C.F.A.B.A.S (1er semestre 2003)
Il est sur le site d’information de l’ataxie cérébelleuse,
dans la section articles scientifiques.
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